
Dimanche, 30 août, 2015
Manuel Picaud
Avec 5000 participants annoncés, cette édition n'a pas fait l'unanimité, en raison de l'inexpérience des organisateurs, un pilotage contestable de la fédération ombrelle, un budget trop serré et un soutien institutionnel trop discret. Mais elle s'est déroulé dans un cadre ensoleillé exceptionnel et offrira sans doute aux participants des souvenirs et des expériences intéressantes.
C'est quoi les EuroGames ? Une manifestation sportive fondée en 1992 et attribuée par la Fédération européenne gaie et lesbienne à une ville hôte afin de lutter contre l'homophobie dans le sport, y aider à la visibilité homosexuelle et aider à la création de nouveaux clubs de sport LGBT. L'initiative s'inspire, au niveau européen, de l'exemple des Gay Games, manifestation sportive et culturelle mondiale fondée en 1982 à San Francisco sur les principes de participation, d'inclusion et de dépassement de soi, et dont l'ensemble du mouvement sportif LGBT est issu. Stockholm en est la 15e édition. Assurément, l'EGLSF qui n'a jamais écrit de cahier des charges détaillé de son événement ne lui a pas apporté le soutien qu'elle aurait mérité.
En quoi cette édition est décevante ? Un centre d'accréditation certes à l'Opéra, mais dans un espace étriqué, sombre et chaud, avec des volontaires mal formés et informés. Une cérémonie d'ouverture - genre podium de fin de marche des fiertés sur une grande place du centre ville avec hélas très peu de public et un défilé d'athlètes peu visible. La cérémonie de clôture pathétique en banlieue sur une place improbable, avec deux pauvres food trucks, un espace de détente symbolique et un spectacle qui n'aura tenu que par l'intervention d'un humoriste black suédois extrêmement drôle, entre deux DJs mal inspirés. Entre les deux, une conférence de trois jours particulièrement discrète, mais intéressante. Des événements culturels quasi inexistants. Des épreuves sportives organisées largement hors cadre des niveaux internationaux et des standards des Gay Games. Les EuroGames n'ont pas paru l'événement exceptionnel que l'agence de pub des organisateurs avait vendu. Sur place, la visibilité et la notoriété de la manifestation étaient quasi nulles. Dommage car l'attente de cette manifestation en Scandinavie était forte.
En quoi cette édition est-elle réussie ? Pour des nombreux participants néanmoins, ce fut une expérience riche de rencontres et de fraternité. Plusieurs milliers de participants ont fait de la ville un immense terrain de jeux et ont coloré la ville de leurs tenues d'équipe. En particulier la très élégante et très nombreuse équipe française. Chacun a mis du sien pour réussir au mieux l'événement. Ainsi, des Berlinois ont au pied levé organisé la compétition de volley-ball dans 6 autres gymnases que le hall prévu impraticable ? Les joueurs de water-polo ont accepté de jouer sans attendre le temps de repos nécessaire en raison d'une compétition raccourcie d'une journée ? Les athlètes ont fait preuve de patience sur le beau stade olympique face aux changements d'horaires et de règles en athlétisme. Les coureurs de triathlon ont pris l'initiative d'organiser entre eux une sortie, en compensation de l'annulation de leur épreuve. Des danseurs ont aidé à poser le parquet dans le hall du parc d'exposition où devait se tenir la compétition. Certains sports comme le bowling confié au propriétaire des lieux a permis une compétition de bon niveau. Certains privilégiés ont même pu assister à un dîner offert par la Ville de Stockholm dans leurs prestigieux salons où sont décernés les Prix Nobel. La ville est ouverte à la différence. Chacun a pu s'y promener libre en particulier les russes réprimés dans leur propre pays. Ainsi les valeurs de solidarité, de respect et de partage ont pu s'exprimer concrètement dans la ville.
En quoi cette expérience sert les prochains Gay Games ? Pour Paris 2018, cette édition fut l'occasion d'une présence forte en soutenant l'équipement de la délégation française dont chaque membre était de fait un ambassadeur. Et tous ont joué parfaitement leur rôle en invitant tous les participants au grand rendez-vous d'août 2018. Un grand merci à Sandrine Fruchart, Antoine Le Blanc, Martian Martine, Olivier Garcia Adan, Christophe Manaud, alias Little Nemo, Paul Amau pour l'organisation de l'équipe, la tenue et la superbe soirée France. Merci à la Fédération Sportive Gaie et Lesbienne (FSGL) qui a montré tout son savoir-faire et son utilité. Un grand merci à Emy Ritt, Bruno Ferré, Amar Boudi, Sarah Townsend, Céline, Babou, ... pour l'accueil des participants à l'accréditation en signalant le prochain RDV à Paris. Bravo aux dizaines de médaillés français en athlétisme, basket, handball, pétanque ou natation ! Une ovation aux nageurs de Paris Aquatique pour leur époustouflant Pink Flamingo. Un chaleureux merci aux institutions françaises, la Région Île-de-France, la Ville de Paris et le Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports pour leur soutien, sans oublier la présence du représentant de l'Ambassade de France à Stockholm. Merci à tous pour avoir contribuer à recharger nos batteries pour offrir en 2018 à Paris une expérience inoubliable à tous les participants. Il nous reste trois ans pour mettre à profit les expériences passées pour réussir la 10e édition des Gay Games à Paris.
Comment améliorer les prochains EuroGames ? La Fédération européenne gaie et lesbienne attend vos remarques et commentaires sur l'organisation de cette édition à .
Et pour Paris 2018 ? Depuis le début de l'année, notre équipe met à jour avec la Fédération des Gay Games les cahiers des charges des plus détaillés des sports, cérémonies et événements culturels. Sous l'impulsion d'Antoine Le Blanc, le pôle des bénévoles se renforce pour les recruter, les former, les affecter, les animer et les récompenser. Nous bâtissons des partenariats avec des clubs de sport ou des fédérations sportives expérimentées, recherchons à renforcer un soutien institutionnel et touristique déjà fort, de puissants partenariats avec des sponsors pour offrir des spectacles, des expériences plus exceptionnelles et une visibilité plus forte. Nous cherchons encore à renforcer l'équipe de communication pour prévenir tous les dysfonctionnements et tenir compte de toutes les recommandations.
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